MONSIEUR EBER |
Monsieur Eber est le grand-père de Camille, il est né en 1924. Il nous a expliqué sa vie pendant la deuxième
guerre mondiale. Les nazis ont obligé les Alsaciens-Lorrains à mettre l’uniforme allemand. On les appellait
des incorporés de force.
Son frère Maurice, lui aussi, a été incorporé de force dans l’armée allemande.
Il a écrit une poésie en rapport avec la guerre. Il est mort en Russie en août 1945.
MON INCORPORATION DE FORCE
DANS L'ARMEE ALLEMANDE
(1942 - 1945)
Les nazis ont obligé les alsaciens-lorrains à servir dans l’armée allemande.
Je vais vous dire ce que j’ai vécu comme incorporé de force pendant les années de 1942 à 1945.
L’ARBEITSDIENST
Du 17 avril 1942 à fin septembre 1942.
Les autorités allemandes ont imposé une formation prémilitaire. La bêche remplaçait le fusil.
J’étais en Allemagne du nord entre Osnabrück et Münster dans des baraquements à proximité d’un aérodrome.
On nous faisait ramasser les prospectus de propagande lancés par les avions anglais.
Le 26 septembre 1942 nous avons appris que nous serions enrôlés dans l’armée allemande.
Uniforme d’Arbeitsdienst, coll. Eber
LA WEHRMACHT
D’octobre 1942 à décembre 1942 : l’enrôlement dans l’armée.
Le 17 octobre 1942, entre la gare de Sélestat et la caserne un sous-officier se restaurait en disant
«Was singen sie denn da hinten » (que chantent-ils là derrière). C’était la Marseillaise.
Pendant deux mois on a vécu à Erlangen en Bavière dans une caserne où nous étions soumis à un
entraînement de combat.
Vers Noël les premiers ont été envoyés à Stalingrad où avaient lieu de rudes combats.
De janvier 1943 à Août 1943 : la Sicile
Par une chance providentielle j’ai été affecté à l’Afrikakorps. Cette unité portait un uniforme kaki.
De Ludwigsburg on a été dirigé vers Naples. J’ai pu visiter le Vésuve et Pompéi. Le volcan faisait de
petites éruptions.On nous a transporté au sud de l’Italie et à travers le détroit de Messine vers Palerme.
Dans le port de cette ville où nous déchargions des munitions, j’ai pu échapper à un bombardement en
m’accrochant à un camion qui démarrait.
Nous avons passé trois mois près de Catane jusqu’au mois de juillet.
J’ai assisté au débarquement des alliés à Syracuse. La côte avait été bombardée par
l’artillerie de la marine.
Les allemands se sont retirés au pied de l’Etna. Le volcan était illuminé la nuit
par la lave en fusion. Nous nous relayions à côté d’une mitrailleuse. Le soldat qui m’a suivi a été tué.
Du mois d’août 1943 au mois d’août 1944
J’ai été hospitalisé à la suite d’une crise de paludisme en Alsace du nord, à Oermingen, puis dans la Ruhr.
J’ai vu au cours de cette période la nuit le lancement de fusées V1,V2,…
J’ai accompagné à travers la France jusqu’en Bretagne un chargement d’armes secrètes.
Un autre accès de fièvre au mois de mai 1944 m’a évité d’aller à Monte Cassino où eurent lieu des combats armés.
J’ai subi à Düsseldorf dans la Ruhr un bombardement. Les bombes tombaient en chapelets en se rapprochant.
J’étais jaune de poudre.
Du mois de septembre 1944 au mois de janvier 1945.
J’ai assisté au repli des troupes alllemandes en Lorraine.
- J’ai vu à Toul le pillage d’un entrepôt et la destruction d’un pont.
- J’ai été affecté comme sentinelle à l’état major d’une unité qui a opéré en Belgique au moment de
la contre-offensive Rumdstedt.
- J’ai vu le ravitaillement par planeurs des troupes américaines près de Bastogne.
Apprenant que mon groupe allait être affecté en première ligne j’ai déserté à Trois Vierges au nord du Luxembourg.
Des paysans m’ont hébergé. Ils m’ont conduit à un officier américain, qui m’a offert un whisky
et m’a dit : « Nous savons qu’il y a des Français de cœur dans l’armée allemande.»
LE SERVICE DAND L'ARMEE FRANçAISE.
Du camp de prisonniers américains de Stenay dans les Ardennes on a été transportés à Sainte Mère l’Eglise en Normandie.
Puis nous avons été conduits dans une caserne à Evreux. Des passants, qui nous voyaient en uniforme allemand
nous ont houspillés.
Le 8 mai au défilé de l’Armistice nous avons été applaudis.
Nous avons ensuite été affectés à la surveillance d’un camp de prisonniers allemands à Logelbach près de Colmar.
J’ai été démobilisé le 21 juin 1945.
EBER René classe 1923-1943, Mai 2005
NOTRE AVIS
J’ai été étonnée de sa mémoire, 60 ans après. Mais, ce sont des souvenirs qui ne s’oublient
jamais. (Julie)
Ça nous donne un autre aperçu de la guerre 1939-1945. On se rend compte que pratiquement personne
ne vivait bien.
(Natacha H.)
Ce témoignage était intéressant car Monsieur EBER était un Malgré-nous pendant la deuxième Guerre Mondiale.
A la fin de la guerre, Hitler envoyait même des jeunes de 16 ans ! C’était difficile car il devait se
battre contre des Français.
(Benjamin)
J’ai été ému par le témoignage de monsieur Eber, parce que j’ai trouvé sa vie dure au service du IIIe Reich. (Dina)
Monsieur Eber était très intéressant. Mon grand oncle a vécu le même genre d’aventure. Il a terminé ses voyages avec
l’armée allemande en Russie et il ne s’en est jamais remis. Monsieur Eber est un homme fort. Il est revenu,
s’est marié et a fondé une famille. (Ludmilla)