"Tous les habitants de la commune sans exception doivent quitter le village à 19 h.". Les cloches de nos deux églises sonnaient déjà le tocsin… Tout le monde avait compris…on s’y attendait. La France était entrée en guerre.
On avait hâte d'emporter des vêtements chauds, des couvertures, de menues victuailles, quelques objets de valeur et le peu d'argent que chacun possédait.
Les uns attelaient leurs chevaux et d'autres leurs vaches, mais tout le monde était à égalité dans la misère et la peur.
Les vieillards et les malades mal installés sur les charrettes pleuraient en regardant une dernière fois leur village qu'ils ne reverraient peut-être plus jamais.
Le lendemain, on sonnait le rassemblement et la longue caravane se remettait en route. Il nous était interdit de prendre les grandes routes réservées uniquement aux mouvements des troupes montant vers la ligne MAGINOT.
Le 3e et 4e jour nous conduisirent à BISPING, puis à BLANCHE-EGLISE MULCEY ; là nous sommes restés bloqués pendant 4 jours.
C'est là que nous reçûmes l'ordre de laisser tout sur place. I1 fallait désormais se séparer des chevaux, des vaches, des chiens et des chats.
L'hygiène était réduite à sa plus simple expression ; un seul seau ordinaire servait aux besoins naturels de tout un wagon.
Le dimanche 10 septembre, le train s'arrêtait enfin pour de bon. C'était l'étape finale. À la gare, on pouvait lire le nom de "BERSAC" qui est resté gravé dans notre mémoire et dans nos coeurs.