AU COMMENCEMENT… IL Y EUT L’EVACUATION DE 1939


La population de Strasbourg, par exemple, commença son évacuation le 2 septembre 1939. Après rassemblement dans des centres de regroupement,

DOCUMENT : exemple d'une carte de renseignement de la ville de Strasbourg destinée aux évacués.

l’évacuation eu lieu principalement vers le Sud-Ouest de la France, de l’Indre au Gers et aux Landes, dans des conditions difficiles liées principalement au décalage avec le mode de vie de citadins se retrouvant à la campagne, sans électricité, eau courante ni toilettes intérieurs. De plus, au début, ils étaient assimilés à des « boches » du fait de leur dialecte ou simplement de leur accent. A Montpont par exemple, le maire affichera un avis précisant… « S’il devait encore arriver que des réfugiés Alsaciens soient chassés ou traités de « boches », les coupables seront immédiatement traduits devant un tribunal et punis »… Une campagne de presse dans le Périgord expliqua les origines du dialecte alsacien. Près de deux tiers rentrèrent en Alsace dès août 1940, d’autres attendront 1945 et plusieurs milliers d'autres se fixeront dans le Sud-Ouest.

STRASBOURG FUT EVACUEE VERS PERIGUEUX

Septembre 1939 : Strasbourg vidée de ses habitants.
(C.R.D.P. d'Alsace, avril 1986)

Dès la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, Strasbourg et de nombreuses localités situées à 3 km de la frontière sont évacuées principalement vers le Sud-Ouest et le Centre de la France. Durant de longs mois la capitale alsacienne reste une ville vide où seuls circulent des patrouilles militaires et des animaux domestiques errants.

CETTE EVACUATION SE RETROUVE SUR LES ENVELOPPES DES COURRIERS ADMINISTRATIFS.

(Collection privée :Ivan Epp)

(Collection privée :Ivan Epp)


(Collection privée :Ivan Epp)


POUR CEUX QUI S'INTERESSENT A L'HISTOIRE DE LA POSTE EN ALSACE (1939-1945) : UN SITE TRES INTERESSANT

UN AUTRE EXEMPLE D'EVACUATION : LA COMMUNE D'OERMINGEN.

L'ordre d'évacuer le village fut donné le 1er septembre 1939 à 17h.

"Tous les habitants de la commune sans exception doivent quitter le village à 19 h.". Les cloches de nos deux églises sonnaient déjà le tocsin… Tout le monde avait compris…on s’y attendait. La France était entrée en guerre.
… la commune d'OERMINGEN située trop près de la zone opérationnelle de la ligne MAGINOT devait être évacuée.
Les gens se pressaient donc d'emballer le strict nécessaire et chargeaient leurs charrettes de leurs ballots de misère.

On avait hâte d'emporter des vêtements chauds, des couvertures, de menues victuailles, quelques objets de valeur et le peu d'argent que chacun possédait.

Les uns attelaient leurs chevaux et d'autres leurs vaches, mais tout le monde était à égalité dans la misère et la peur.

Avant de quitter son domicile, chacun avait eu soin de libérer une dernière fois les animaux domestiques. Les poules, les lapins, les cochons et les vaches étaient désormais abandonnés à eux-mêmes.

La longue caravane s'était mise en branle ; on y voyait des voitures à chevaux, des charrettes à bœufs, des poussettes d'enfants, des chats et des chiens qui suivaient tristement leur maître.

Les vieillards et les malades mal installés sur les charrettes pleuraient en regardant une dernière fois leur village qu'ils ne reverraient peut-être plus jamais.

Pour les femmes et les enfants, c'était la séparation d'avec leurs maris et leurs papas qui, mobilisés, s'étaient rendus sous les drapeaux pour défendre la patrie.

La première soirée, nous nous dirigeâmes vers l'Ouest et nous marchâmes tard dans les ténèbres pour atteindre BISCHTROFF, vers 1 h. de la nuit. C'est là, que nous avons campé la première nuit dans les granges sur de la paille que les habitants avaient bien voulu mettre à notre disposition.

Le lendemain, on sonnait le rassemblement et la longue caravane se remettait en route. Il nous était interdit de prendre les grandes routes réservées uniquement aux mouvements des troupes montant vers la ligne MAGINOT.

Ce deuxième jour, nous ne fîmes que quelques kilomètres pour nous arrêter à NIEDERSTINZEL où le même campement nous attendait.

Le 3e et 4e jour nous conduisirent à BISPING, puis à BLANCHE-EGLISE MULCEY ; là nous sommes restés bloqués pendant 4 jours.

C'est là que nous reçûmes l'ordre de laisser tout sur place. I1 fallait désormais se séparer des chevaux, des vaches, des chiens et des chats.

Embarqués dans des autocars avec nos maigres bagages, nous fûmes tous déposés à la gare de EMBERMENI. Là, on nous a transféré dans des wagons à bestiaux et nous avons roulé en train pendant deux jours et deux nuits sans connaître la destination exacte.

De temps en temps, le train s'arrêtait pour que nous puissions nous ravitailler. Une soupe chaude, des biberons pour les nourrissons et des médicaments pour les malades et les vieillards furent distribués par les préposés bénévoles de la Croix Rouge. Vingt à trente personnes de tout âge et des deux sexes furent entassées par wagons, couchées sur de la paille.

L'hygiène était réduite à sa plus simple expression ; un seul seau ordinaire servait aux besoins naturels de tout un wagon.

Le dimanche 10 septembre, le train s'arrêtait enfin pour de bon. C'était l'étape finale. À la gare, on pouvait lire le nom de "BERSAC" qui est resté gravé dans notre mémoire et dans nos coeurs.

Des gens, pleins de bon coeur et de pitié sont venus nous accueillir sur les quais de la petite gare. N'étions-nous pas a priori des étrangers, qui à cause de nos difficultés linguistiques avaient du mal à se faire comprendre ?

… C'est à Bersac dans le petit " Bistrot " que nos grands-pères ont suivi leurs premiers cours de français en apprenant la phrase suivante : "Encore une chopine".

Norbert KAPPES
C.R.D.P. d'Alsace 2004, Dossier publié initialement en 1977, p. 3-4.