MONSIEUR KAREL HAJEK |
A travers l’étude du passeport du père de la grand-mère de Ludmila, ainsi que du témoignage écrit de sa fille
nous avons tenté de vous retracer le destin extraordinaire de l’arrière grand-mère de Ludmila durant la deuxième
guerre mondiale.
Karel Hajek est né à Prague, Tchécoslovaquie en 1899.
De confession juive, il épouse en 1931, une Hongroise de confession catholique : Félicie Sykora, née à Budapest.
Ils ont une fille, née en 1931, qu’il baptise et qui se prénomme Erika (la grand-mère de Ludmila)
Karel Hajek est commerçant et il voyage beaucoup. Lors d’un de ses voyages à Berlin, il trouve l’ambiance malsaine pour
un juif. Il décide contre l’avis de sa famille de quitter Prague pour se rendre en Pologne. Il rate la correspondance
pour l’Angleterre et reste bloqué à Varsovie. Il est arrêté, s’évade et arrive en Ukraine.
En Ukraine, les Russes déménagent des villages entiers en vue d’un conflit avec les Allemands. Il arrive non sans mal
à Moscou. Etant sans bagages et non escorté de sa famille il tente le Transsibérien. A cette époque il fallait plusieurs
semaines pour arriver à Charbin-Mandchouko, dernier arrêt avant la Chine.
De là, il part en Chine, se fixe pendant un an à Shanghai, mais décide de transiter par Singapore.
A Singapore, il demande et obtient un visa pour l’Egypte.
Fatigué de fuir la guerre devenue mondiale Karel Hajek s’engage comme volontaire dans l’armée anglaise en Libye,
de 1939
jusqu'à sa démobilisation en juillet 1945 il sert son bataillon sous les ordres du général Montgomery en Libye, à El Alamein,
en Tunisie puis à Londres.
De là, sur un paquebot réquisitionné par l’armée : le Mauritania, il se retrouve dans l’océan Indien puis dans les îles
du Pacifique. Il était même question de se battre contre les Japonais.
Mais c’est le retour en Angleterre. Il embarque dans le plus grand secret la nuit pour le débarquement en Normandie.
Il arrive à Paris avec les alliés puis en Allemagne. Il découvre l’horreur des camps puis stationne en Tchécoslovaquie
entre Pilsen et Kladno. Bloqué par les accords de Yalta, il fallait attendre que l’Armée Rouge fasse la jonction pour
libérer Prague où on se battait encore.
De retour à Prague après six ans d’absence, il se retrouve seul survivant de sa famille juive.
Il commence une nouvelle existence : une affaire import-export de matériel de bureau.
En mai 1947, il reçoit la médaille militaire.
Début 1948 son affaire est nationalisée par le nouveau gouvernement communiste. Peu de temps après Karel Hajek quitte de
nouveau son pays clandestinement.
Il demande et obtient l’asile politique en France.