Extrait de "L'aigle de mer", Roman de Pascal Gin
Un jeune soldat Anglais écrit son récit de la bataille :
"Nous nous attendîmes à une charge d'infanterie, nos lignes étaient prêtes, ayants peu souffert des tirs d'artillerie.
Les formations étaient anxieuses, impatientes, fatiguées ou résignées, mais prêtes.
Soudain, je vis le sergent "Faulty" qui inspectait l'alignement s'arrêter net. Je ne compris pas pourquoi jusqu'au
moment ou un fourmillement me monta le long des jambes. Puis un bruit sourd, ensuite, se fit entendre.Le fourmillement
devint tremblement puis choc, le bruit tonnant, virevoltant, assourdissant presque enivrant. Le sol sembla se
convulser. Je me sentis parfois ne plus le toucher.
... Droit devant, une masse compacte de cavalerie déboucha
sur le haut du repli. Cuirasses, casques, sabres et lattes étincelants au soleil, éclaboussants nos habits rouges
de reflets métalliques. Tournant alors la tête et en même temps que je les vis, j'entendis quelqu'un que je présume
aujourd'hui officier ordonner le carré. L'ordre fut plus que hurlé, presque aboyé. Tournant presque à la supplique,
il reveilla les hommes pétrifiés par le spectacle, qui comprirent que leur survie dépendait maintenant de la vitesse
d'exécution de cette manoeuvre. Bien que le bruit fût assourdissant, nous entendimes néanmoins beugler les "Vive l'Empereur".
...
Notre surprise fut telle qu'à peine le carré formé, les Français furent sur nous. Nous pûmes néanmoins former un
carré acceptable. Le choc fût effroyable et l'on pouvait percevoir le craquement sinistre des os des soldats percutés
de plein fouet par ce bloc de chair et d'acier. Puis, les bruits sourds des lames fendants les shakos, ensuite
seulement, au milieu des cliquetis divers et hennissements, cris de rage ou de ralliements; vinrent les
hurlements. Comme si la peur et la douleur jusqu'ici cachées dérrières nos ennemis étaient soudain passé
au dessus d'eux pour s'abattre sur nous. Je senti ma baïonette s'enfoncer dans quelque chose, le choc manqua
de m'arracher les deux poignets
..."
"Lorsque cette masse de cavaliers reprît la direction des ses lignes, nous eûmes un moment d'hésitation
que le sergent "Faulty", malgré sa blessure, ne manqua pas d'écourter. Autour de nous,
il y avait de nombreux tués ou blessés de notre régiment, mais c'était sans commune mesure avec le rempart de
cavaliers et de chevaux Français hors de combat qui nous entourait.
Bon nombre de vétérans pensèrent que cette attaque était un leurre destiné à tester et évaluer nos défenses,
avant une attaque massive d'infanterie. J'eus la chance de me trouver à coté du Colonel, et donc entendre la
conversation quand une estafette vint lui signaler que l'attaque fut menée par plusieurs milliers d'hommes.
Ce que nous n'avions pas pu voir à cause d'un repli de terrain et d'une fumée abondante. Nos carrés reformés,
notre surprise fût moins grande d'entendre sourdre à nouveau le grondement du sol.
Waterloo par Campbell Ronald
Certains de nos officiers semblaient néanmoins inquiets ; bien que repoussée , l'attaque des Français fut terrible.
Lorsque le mur d'acier ondulant s'avança de nouveau sur nous, le silence dans nos rangs fût total, comme assourdissant.
Les morts nous imitaient..
Pascal Gin "L'aigle de mer" Roman (Extrait.)