PUIS… IL Y EUT LA GERMANISATION ET LA NAZIFICATION
En Juillet 1940 : Annexion de fait (et non de droit) des trois départements (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle) au IIIe
Reich. La population a le sentiment d’avoir été abandonnée par la France de Pétain. Le régime de
Vichy, adressa au total 62 notes de protestations, étouffées et platoniques.
Les deux départements alsaciens sont intégrés au pays de Bade et l’ensemble forme le Gau (vaste région servant à la
fois de cadre à l’administration de l’Etat et à l’organisation du parti nazi) Oberrhein dirigé par le Gauleiter
Wagner installé à Strasbourg.
Les pouvoirs des Gauleiter sont considérables et ne relèvent que du Führer en personne. Ils ont dix ans pour faire de
la Moselle et de l’Alsace des territoires définitivement allemands (Wagner s’est donné cinq ans). Ils légifèrent par ordonnances et disposent
d’un véritable droit de vie ou de mort sur les populations.
Un billet de banque peu connu : le billet ci-dessous n'a, semble-t-il, pas été utilisé. Il s'agit d'un billet de 50 marks
daté du 15 juin 1939. L'intégration de l'Alsace était bien prévue ! Egalement daté du 15 juin 1939, il existerait un billet
(non trouvé) montrant la ville de Danzig (Gdansk)...
En effet, le
6 décembre 1938 à Paris, un accord a été conclu entre la France et le Reich, signé par les ministres des
Affaires étrangères, von Ribbentrop et Bonnet, spécifiant entre autres chose que :
1) les gouvernements allemands et français sont tous deux convaincus que les relations pacifiques et de bon voisinage entre
la France et l'Allemagne constituent un élément essentiel...
2) Les deux gouvernements constatent qu'aucune question de nature territoriale ne reste en suspens entre leurs pays et reconnaissent solennellement,
comme définitive, la frontière entre leurs deux pays dans leurs limites actuelles...
Ce billet n'a peut-être pas été mis en circulation pour ne pas révéler trop tôt les véritables intentions d'Hitler. Sources : http://www.nithart.com/alsa1940.htm
LA GERMANISATION
Dès son arrivée, en juillet 1940, le Gauleiter Wagner met en place une politique de regermanisation.
Cela commença avec des affiches qui furent placardées partout.
Propagande nazie contre l'influence française : Il faut "balayer" tout le bazar français.
Les Allemands libèrent les Nanziger (les chefs autonomistes). Certains sont même nommés Kreisleiter (sous-préfets).
Les Allemands favorisent aussi le retour des évacués en organisant une grande et subtile opération de séduction. Deux
tiers environ des évacués reviennent en août 1940.
Les nazis construisent également un camp de concentration au Struthof dans les
Vosges où plusieurs milliers de prisonniers (résistants, juifs ou tziganes) mourront.
L'administration ne fut pas oubliée par les nazis. Au début de 1942, plus de 62% des maires élus avant juin 1940 avaient
été remplacés dans le Bas-Rhin et 65% dans le Haut-Rhin.
Toutes les inscriptions en français doivent disparaitre. En l'espace de quelques semaines il n'y aura plus d'inscriptions
en français à Strasbourg.
Source : Eugène Riedweg, Strasbourg : ville occupée (1939-1945), Les Editions du Rhin, 1982, p. 80.
La place Kleber devient Karl Roos Platz
(dirigeant autonomiste qui a été exécuté le 7 février 1940 par les Français) Source : Archives Municipales de Strasbourg
Les entêtes des enveloppes des entreprises alsaciennes doivent également être germanisées mais le papier est cher et rare donc on
surcharge les enveloppes existantes.
Les noms de famille doivent également être germanisés
Source : 1939-1945 à Obernai, Mémoires d'une ville et de ses habitants, Mai 2005, p. 7
La mise au pas de la population s’appuie sur le parti nazi. Chaque localité a un responsable du parti
nazi appelé Ortsgruppunleiter. Toutes les organisations nazies, auxquelles la population devait adhérer,
sont mises en place. L’Opferring (« cercle du sacrifice ») est une organisation préparatoire à l’entrée dans le
N.S.D.A.P. (le parti nazi, Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (Parti
national-socialiste des travailleurs allemands), son adhésion était surtout un moyen de ne pas se faire remarquer.
13 octobre 1941 : manifestation nazie Place Kleber (Karl Roos Platz) à Strasbourg
Source : http://www.crdp-strasbourg.fr
Le Reichsarbeitsdienst (RAD) : le service du travail national. Il est introduit en
Moselle le 23 avril 1941 et en Alsace le 8 mai 1941 et concerne les jeunes entre 17
ans révolus et 25 ans. C’est une organisation paramilitaire avec un uniforme, un
emblème (une pelle entourée de deux épis de blé) et un serment public au Führer.
Pour les garçons, il est un passage avant l’incorporation dans la Wehrmacht. Les
filles intègrent par la suite le Kriegshilfsdienst (le service auxiliaire de guerre).
Source : http://www.memorial-alsace-moselle.com
Beaucoup effectuent le RAD en Autriche ou en Allemagne avec en parallèle des
cours d’histoire et d’éducation politique.
L’incorporation de force ou les « malgré-nous »
En août 1942, après l’échec de
plusieurs campagnes de recrutement de volontaires dans la Wehrmacht, le
service militaire obligatoire est mis en place. Mais les Alsaciens et les Mosellans
sont considérés comme des « Allemands suspects », donc la proportion des
nouvelles recrues ne doit pas dépasser 5% des effectifs d’une même unité et ils ne
sont pas affectés dans des services sensibles (reconnaissance, renseignement,
aviation, marine). 90% sont envoyés sur le front de l’Est.
LA MISE AU PAS DE LA JEUNESSE
La Hitlerjungend (HJ, jeunesse hitlérienne) pour les garçons de 10 à 18 ans et la Bund deutscher Mädel
(BDM, la ligue des jeunes filles allemandes) pour les filles.
Strasbourg : défilé des Jeunesses Hitlériennes
Source : http://www.crdp-strasbourg.fr
Ces organisations pour la jeunesse sont mises en place dès septembre 1940 (elles sont les seuls mouvements de
jeunesse autorisés). Le 2 janvier 1942, l’adhésion devient obligatoire. A partir 1943, des amendes et des peines
de prison menacent les parents récalcitrants.
A l’école, l’enseignement du français est interdit même en temps que langue
étrangère. Le salut hitlérien est imposé pour les maîtres et pour les élèves. Les
instituteurs alsaciens sont déplacés en Autriche et en Allemagne pour subir une
Umschulung (stage de recyclage).
Page de manuel scolaire utilisé sous l'occupation nazie
Source : http://www.crdp-strasbourg.fr
Page d'un livre de lecture utilisé sous l'occupation nazie
(Collection privée :Ivan Epp)
Tous les élèves qui avaient une douzaine d'années devaient tenir un « journal de guerre » (Kriegstagebuch).
C'était la première heure de cours, c'était une sorte de dictée dans laquelle les élèves devaient relater les succès de l'armée
allemande et qu'ils devaient illustrer avec des extraits de journaux. L' histoire ainsi racontée n'était pas, bien sûr,
très objective.
Journal de guerre (Kriegstagebuch), rédigé par un écolier de Kingersheim
Source : L'Alsace (Hors série), Octobre 2004, p. 11.